Un arrêté publié au journal officiel le 28 avril autorise la vente du purin d'ortie « en tant que préparation naturelle peu préoccupante à usage phytopharmaceutique ».
Cette décision fait partie des propositions d'un récent rapport parlementaire, publié dans le cadre du plan Ecophyto 2018 qui vise à réduire de 50 % l’usage des pesticides, au niveau national, dans un délai de dix ans. D'autres produits à base de plantes devraient être prochainement autorisés.
Bien que représentant une avancée significative, cette autorisation ne satisfait pas pleinement les défenseurs des PNPP : ceux-ci réclament le classement de ces préparations dans une liste différente de celle des produits phytopharmaceutiques (où sont rangés les pesticides). A l'instar d'autres pays européens (Allemagne, Espagne...) qui ont choisi d'établir une simple liste déclarative pour les PNPP. La loi sur l'eau, votée en décembre 2006 en France, indique d'ailleurs que les PNPP ne relèvent pas de la réglementation des pesticides... ce qui contredit la loi d'orientation agricole de janvier 2006 : cette dernière, en déclarant que tout produit non autorisé est interdit, rendait de fait illégal l'utilisation des PNPP à la ferme. La « guerre de l'ortie » avait alors commencé. Depuis, le règlement européen sur l'agriculture biologique de 2009 autorise l'utilisation des PNPP sur une exploitation certifiée bio.
Aujourd’hui, toute personne souhaitant procéder à une mise sur le marché de purin d'ortie devra en faire la déclaration auprès de la DGAL. Reste à savoir en quoi elle consistera. « Pour le moment, c'est le flou artistique. Et ça fait cinq ans que ça dure », proteste Jean-François Lyphout, président de l'Association pour la promotion des PNPP (Aspro PNPP), producteur de PNPP et horticulteur. D'autant plus que la recette publiée en annexe de l'arrêté n'est, selon lui, pas la bonne : « Elle ne correspond pas à la recette que nous utilisons. Nous ne sommes donc pas d'accord avec cet arrêté. Nous voulons que les choses soient claires. Certes, notre travail est aujourd'hui toléré mais ce n'est pas une solution. »
Un soutien public de 200 000 euros, dont bénéficieront la Fnab et l'Itab, a été accordé pour la mise en place des dossiers d'homologation. Sera-ce suffisant ? Les petites entreprises artisanales qui vendent des PNPP pourront-elles supporter le coût de ces dossiers ? « Économiquement, nous ne sommes pas grand chose. Mais idéologiquement, nous représentons beaucoup : l'autonomie des gens et de l'agriculture », conclut Jean-François Lyphout.