Attendue sur les marchés hivernaux et bien rémunérée, l’endive reste cependant peu développée en bio. Cultivée essentiellement en Nord Pas-de- Calais et Picardie, elle nécessite un savoir-faire d’expert. Pour favoriser son essor en Bretagne, la Plateforme Agrobiologique d’Inter Bio Bretagne à Suscinio (PAIS) a livré en février dernier des résultats d’essais.

Rappelons que l’endive se cultive en deux temps : une 1ère étape, de plein champ, est consacrée à l’obtention des racines après semis. Une seconde étape consiste à faire croître, par forçage de cette racine, la pousse dénommée endive ici et “chicon” dans le nord de la France. Installé sur une ferme spécialisée en endive à Guissény, dans le Finistère, en conversion depuis 2007, Yann Salou lui a consacré 2 ha en 2010 ; les essais menés pour le compte de la PAIS ont permis de trouver les variétés non CMS (stérilité mâle cytoplasmique) les plus appropriées. Yellowstar (précoce, non traitée), Yellora (saison, non traitée) et Metafora (tardive, bio) ont servi de témoins afin d’évaluer les variétés suivantes en non traité : Platine, Zillia, Bea, Monroe (rouge), Zoom et Bea ; ainsi que Dura, Tardivo, Witloof, Bea et Atlas en bio. Le choix de semences bio demeure restreint car peu de catalogues en proposent. Lors de la journée de restitution de ces essais, Hervé Péden, commercial Grand-Ouest pour Vitalis, a ainsi témoigné sur la difficulté de la multiplication. De fait, l’endive n’est plus classée en hors dérogation, au grand soulagement des producteurs. “Au champ, il n’y a pas de différence notable entre les variétés, observe Mathieu Conseil, animateur scientifique et technique à la PAIS. Si les conditions de semis idéales et la réussite des interventions – faux semis, désherbage thermique et Contans – ont permis à toutes les variétés de se développer de manière idéale, en revanche, les rendements en racines sont très différents d’une variété à l’autre : entre 170 000 et 255 000 racines/ ha, pour des tonnages allant de 22 à 40 t/ha”, nuance-t-il.
Conditions de culture
“L’endive ne supporte pas l’excès d’azote. Une céréale à paille est un bon précédent”, juge Goulven Thomin, producteur bio à La Roche-Maurice, également visité lors de la journée de restitution des essais. Quant à Yann Salou, il utilise un mélange triticalepois comme précédent avant de semer de l’avoine en engrais vert. Après destruction de cet engrais, du Coniothyrium Minitans (commercialisé par la société Prophyta Biologischer Pfl anzenschutz sous la marque Contans) est incorporé. Il s’agit d’un champignon antagoniste qui attaque le sclérotinia, l’une des plus sérieuses menaces qui pèsent sur l’endive, avec le mildiou. Avant stockage, les racines elles-mêmes sont pulvérisées avec cette préparation. Les effets semblent très encourageants, surtout lors du traitement au champ. D’autres précautions peuvent être prises, comme l’application de lithotamne sur le sol afi n de corriger le pH et prévenir la maladie de l’endive gris bleu
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