Salon Tech&Bio - septembre 2021.
Pas de répit pour la filière bio, toutes productions confondues. Son calendrier est très chargé en cette rentrée de septembre, d’autant plus qu’aujourd’hui, la bio se doit d’être présente partout. Elle fait partie du paysage, elle devient le modèle à suivre. Même si les conversions ont un peu ralenti – en grandes cultures notamment, les prix du conventionnel au plus haut n’incitant pas les producteurs à changer de système –, les défis en production et transformation mobilisent plus que jamais les professionnels. Notre dossier sur les pondeuses, filière phare, en témoigne.
Après une année de suspension due au covid, les rendez-vous de terrain et les salons sont repartis de plus belle. Et ils s’enchaînent : Congrès mondial de la bio et Innovagri en début de mois, Space, Tech&Bio, Sommet de l’Élevage, Natexpo…, dotés d’un jour supplémentaire pour certains, contraintes sanitaires obligent. Sans compter aussi les colloques et réunions techniques qui se multiplient dans les régions. Des occasions en or pour les productrices et producteurs bio, et ceux qui aspirent à passer en bio, de retrouver – en présentiel – tous ces acteurs de la filière, de l’amont et de l’aval, du conseil, de la formation, et de l’information…
Plus que tout, les échanges entre professionnels et des appuis technico-économiques pointus et avisés sont précieux. Si, depuis qu’elle existe, l’agriculture a toujours subi des aléas perturbants de tous genres, les effets du dérèglement climatique qui s’accélère, laissent les agriculteurs démunis et inquiets. C’est vrai, les années se suivent et ne se ressemblent pas. Mais aujourd’hui, les phénomènes extrêmes s’additionnent, et 2021 les a accumulés… : gel, grêle, inondation, sécheresse, incendies, avec des températures et des précipitations défiant les saisons.
Du jamais vu ! Les récoltes d’été de céréales à paille et de protéagineux ne sont pas finies début septembre dans certaines zones. Leurs qualités sont en jeu, et des blés meuniers risquent des déclassements à cause des taux de germination et de mycotoxines hors normes. Les lentilles, mais aussi les pois et féveroles ont souffert de cette année compliquée, remettant en cause les assolements en légumineuses pourtant nécessaires à la fertilisation des sols. Les autres productions – fruits, légumes, viti – ne sont pas épargnées avec des résultats très hétérogènes selon les territoires. Les abeilles aussi sont mal en point, avec des récoltes très faibles. Comment s’adapter au mieux, anticiper, et surtout résister à ces aléas, et aux bioagresseurs qu’ils génèrent ?
L’agriculture bio est celle de l’avenir. Trop lentement peut-être mais sûrement, elle va devenir la norme pour arrêter de polluer la planète, et réduire les gaz à effets de serre. Encore faut-il résister aux sirènes des engrais de synthèse et des pesticides, encore très agressives, qui continuent pourtant à actionner leur rouleau compresseur. Ces nombreux rendez-vous de la rentrée sont l’occasion pour les acteurs de la filière bio de mieux cerner tous les leviers existants, et à en imaginer et concevoir par des innovations tous azimuts, afin de réussir, comme le montre l’étude du CNRS (lire p. 10), à nourrir toute l’Europe en bio, en 2050.
Christine Rivry-Fournier