Certains producteurs considèrent leurs terres comme un bien commun. (© GAB-FRAB - Matthieu Chanel)
Grâce à Terre de Liens, sa Foncière, créée en 2006, et sa Fondation datant de 2013, les cédants sont assurés que leurs terres resteront en agriculture, et en bio pour toujours. « La création, il y a 20 ans, de Terre de liens correspondait aux préoccupations de leurs fondateurs, des pionniers de la bio arrivant à l'âge de la transmission, rappelle Jêrome Deconinck, directeur de la Fondation. Ils ne voulaient pas voir disparaître le fruit de leur travail en bio. »
Les terres : un bien commun
La Foncière achète les terres, grâce à l'épargne citoyenne, en placement solidaire. La Fondation les acquiert également grâce à des donations, ainsi que des legs exonérés de tous droits de succession. « Certains producteurs considèrent leurs terres comme un bien commun. Ils ne veulent pas les vendre comme un bien foncier, marchand. » Pour le cédant, il suffit de faire un testament, révisable à tout moment. « C'est un acte de générosité intergénérationnelle, qui prend effet au moment voulu. » Dans le cas de succession, des héritiers veulent vendre, et d’autres donner. Ce qui est possible. « Il existe différents types de donations, portant sur tous les aspects du patrimoine. Il faut y réfléchir ensemble. » La Safer garde forcément un droit de préemption sur les acquisitions, legs ou achats, et « sur certains territoires, c’est plus difficile de se placer ».
Des demandes en croissance
185 fermes (bientôt 190) ont été acquises par la Foncière et la Fondation, soit 4 700 ha de surfaces préservées. «Terre de liens loue ces terres en baux environnementaux, et empêche ainsi la revente au moment de la transmission», explique Jérôme Deconinck. « Beaucoup d'agriculteurs arrêtent leur activité sans repreneur, soit un sur deux selon les estimations.
Notre mission est aussi de les mettre en contact avec les porteurs de projet, et les aider à passer en bio si la ferme n'y est pas encore. » 350 cédants sont accompagnés en 2018, 300 en 2017. « Les demandes de porteurs de projet sont nombreuses, 1 900 en 2018, dont 500 aboutissant à l’installation sur les fermes. » Les structures sont hétérogènes, jusqu'à 75 ha, soit 25 ha de moyenne, et 40 % en maraîchage. Terre de liens maille toutes les anciennes régions, la Corse l'est depuis fin juin : 20 associations travaillent sur le terrain.
C. R.-F.