En France, presque 10 % des fermes et 7,5 % des surfaces sont en bio en 2018 : l’envol de la filière se poursuit et s’accélère. Les demandes en formation, information, recherche, expérimentation se multiplient. En première ligne, l’expertise de l’Itab est de plus en plus sollicitée, sur tous les plans. Et son rôle de coordinateur renforcé. Car après avoir été qualifié en 2011 en tant qu’Institut technique agricole au même titre que les autres instituts, et confirmé en 2017, l’Itab obtient l’an dernier une qualification supplémentaire comme Institut technique agroalimentaire.
Une vraie reconnaissance, un gage de confiance, et un afflux de sollicitations et d’activités supplémentaires... Son budget – toujours modeste pour un institut technique –, bondit néanmoins de 20 %, atteint 2,4 millions d’euros. Plus de 60 projets de recherche et expérimentation sont en cours, en majorité portés en chef de file, pour un total d’une centaine de missions. Pour les identifier, les proposer et les mener à bien dans le but de répondre aux besoins des agriculteurs et transformateurs bio, les compétences sont indispensables, et les embauches nécessaires. Trente salariés pour vingt-cinq ETP montent au front. Mais le taux de 20 % d’auto-financement imposé par les projets nationaux Casdar est difficile à tenir. Il faut développer les prestations privées.
L’Itab est victime de son succès. « C’est une crise de croissance, due à une course en avant », analyse le président de l’Itab, Xavier Niaux, éleveur élu il y a un an au titre du collège des structures régionales bio, et représentant de Bio Bourgogne. L’Itab prend de l’ampleur, mais sa gestion se complique, d’autant plus que l’Institut coordonne aussi l’organisation – très chronophage – du congrès mondial de la bio, pour septembre 2020. Afflux de missions, gestion non adaptée à la croissance, élus administrateurs (trop) confiants : d’où un déficit opérationnel de 300 000 euros quasi compensé par une rentrée exceptionnelle cette année. Mais le manque de trésorerie alerte…
L’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse, dit l’adage… Certes, l’Itab ne tombe pas, et se mobilise. Il obtient le soutien des organisations professionnelles, de l’Acta, et du ministère de l’Agriculture et de la DGER (direction générale de l’enseignement et de la recherche). Des mesures correctives sont en place, les missions continuent avec l’équipe, un plan de redressement est en cours d’élaboration, et la période d’observation est limitée à décembre 2019. « Nous sommes confiants dans la capacité de l’Institut à surmonter cette difficulté temporaire, et à en tirer les enseignements », rassure le président Niaux. L’enjeu est de taille, car la forêt de la bio pousse de plus en plus vite…
Christine Rivry-Fournier