Ici, réaménagement d’un bâtiment d’engraissement pour les porcelets en post-sevrage (crédit : Crab)
Témoignage d’éleveur
C’est après mûre réflexion que Gildas Alleno s’est lancé. “Il y a dix ans, je me suis penché sur la bio, mais je manquais d’éléments, je ne voyais pas le point d’équilibre”, précise-t-il. Naisseur-engraisseur à Lanfains, il reprend l’exploitation de son père en 2006 avec 190 truies en conventionnel. Cinq ans plus tard, quand sa coopérative Le Gouessant crée une filière, la question se repose et “le déclic de la conversion” vient d’abord par les cultures (95 ha de SAU). “J’en avais marre des traitements chimiques mais je m’interrogeais aussi sur l’avenir de l’exploitation”, avoue-t-il. En deux jours, sa décision est prise. Son salarié adhère au projet. Avec son père, il échafaude des plans de bâtiments, se sépare de ses truies pour pouvoir faire les travaux qui débutent en avril 2016. “En parallèle, on a reconstitué un nouveau cheptel deux fois plus petit, fait les saillies, les mise-bas… C’était un grand jeu de chaises musicales, reconnait-il. Heureusement, je n’avais pas mesuré tous les changements à faire, sinon je n’y serais peut-être pas allé.”
Neuf et rénovation
Les bâtiments sur caillebotis sont modifiés en sols paillés, comme cela avait été fait en 2012 pour les gestantes. “Sans fosse très profonde, nous avons dû rabaisser le sol d’un mètre plus bas en enlevant toutes les poutres”, explique Gildas Alleno. Seuls un peu de caillebotis sont présents sous les nourrisseurs et les abreuvoirs. Une partie est construite en neuf par une entreprise spécialisée mais la démolition et les aménagements sont réalisés par l’éleveur : le tout, en phase avec le guide de lecture, avec courettes couvertes et sans aire extérieure en PS et maternité. Aujourd’hui, Gildas Alleno attend d’en savoir plus. “J’ai fait un plan de financement sur 15 ans”, précise-t-il. Toits et murs sont conservés, ainsi que les systèmes d’alimentation automatisés pour individualiser les rations. Ses premiers cochons bio sortent en mars 2017. Ce sont aussi les premiers pour Le Gouessant. Depuis le 15 mai, tout est certifié bio chez cet éleveur, qui possède aussi une trentaine de Limousines. “J’ai retrouvé un vrai goût pour les cultures”, avoue-t-il. La faf ? “On verra après deux ou trois récoltes. Je dois d’abord me faire à mon nouveau métier”.
Frédéric Ripoche