Erratum : une erreur s’est glissée dans Biofil 158 (version papier) concernant l’article « La Région ampute son soutien à la bio ». Il fallait lire « Cette décision est brutale et lourde pour nos structures, déplore Julien Taunay, directeur de la Cab. Nous sommes en train de chercher des solutions sans réduire la masse salariale. »
Voici l’article revu ci-dessous. Avec toutes nos excuses.
Votées fin 2024, les restrictions budgétaires de la région Pays de la Loire vont également amputer la bio. Et pas qu’un peu. Les aides au fonctionnement des structures de développement bio sont divisées par deux, passant de 800 000 € à 400 000 €. Toutes les organisations bio sont touchées, notamment la Cab – Coordination agrobiologique– et les Gab/Civam, Interbio Pays de la Loire, et la chambre d’agriculture. « Cette décision est brutale et lourde pour nos structures, déplore Julien Taunay, coordinateur de la Cab. Nous sommes en train de chercher des solutions sans réduire la masse salariale. » L’organisme de développement historique de la bio va devoir augmenter certaines prestations techniques pour compenser cette baisse de 200 000 € l’affectant ainsi que les Gab. Le signal envoyé suscite beaucoup d’inquiétude.
Le revenu des agriculteurs impacté
Les cinq Gab/Civam du réseau, complémentaires sur les actions, emploient 60 salariées. Les administrateurs sont sous le choc : « Nos accompagnements sont concrets avec des appuis techniques sur nos fermes, des formations et des échanges pour faire grandir nos savoir-faire paysans, des expérimentations, des constructions de filières locales sans oublier les liens avec les territoires autour de la qualité de l’eau et la restauration hors domicile » , rappellent-ils. Pour eux, alors que les difficultés s’accumulent en 2024, cette décision va enfoncer davantage certaines productions. « Elle va avoir un impact financier direct sur le revenu des producteurs » , s’inquiète Julien Taunay. Le maillage d’organisations de l’amont (1), dans son communiqué, relate son travail et sa contribution sur de nombreux dossiers : continuation d’une modulation bio dans la DJA, prolongement de l’aide au maintien de 2022 à 2024, actions sur les territoires dans les PAT – Plan alimentaire territorial. Sans oublier l’accompagnement pour les conversions et les transmissions.
Rationnaliser les missions
Les organismes étudient des plans d’action pour s’adapter à ces coupes budgétaires drastiques. « Nous allons devoir rationnaliser nos missions entre les différents intervenants sur la bio, estime Fanny Lemaire, présidente de l’Interbio Pays de la Loire. Il va falloir réfléchir en toute transparence à des stratégies efficaces et pertinentes pour la bio, malgré les coupes budgétaires, ce qui n’est pas si évident. » L’interprofession fédère tous les maillons de la filière, de l’amont à l’aval, dans le but de promouvoir la bio. « Nos actions sont indispensables pour booster la consommation, et accompagner l’aval, la transformation, la distribution, et la restauration collective » , appuie Fanny Lemaire. La Route de la Bio, nouveau concept événementiel inclusif, le salon Probio Ouest prévu le 2 avril 2025 à Rennes en partenariat avec Interbio Bretagne ou encore la promotion du Label Territoire Bio Engagé sont autant d’actions de soutien à la filière et la transition alimentaire, « à préserver, et à monter en puissance » .
Christine Rivry
(1) Cab, Accueil Paysan, Afcog, Civam, Passeurs de terre, Ardear, Solidarité Paysanne, Terre de liens, Ciap.
Ailleurs en France : des scénarii plus rassurants
Dans ce contexte national de coupes budgétaires, comment se positionnent les autres régions ? « L’annonce des Pays de la Loire nous a mis sur le qui-vive mais la situation est plutôt rassurante chez nous, tempère Simon Hallez, co-directeur de Bio Hauts-de-France, association du réseau Fnab. Nous sommes soutenus par le Plan bio, co-financé par la Région, la Draaf et les deux agences de l’eau de notre territoire, et pour l’instant, rien n’est remis en cause, hormis une petite baisse de l’enveloppe de l’État. » Le fonctionnement de cet organisme de développement, aidé à 70 % grâce à ce plan, est considéré comme une mission d’intérêt public, pour ses externalités. Au niveau national, le scénario extrême des Pays de la Loire reste une exception, même si des baisses budgétaires se dessinent dans la moitié des régions. En Nouvelle-Aquitaine, l’engagement régional à travers le Pacte Bio reste intact. « Les régions qui ont décliné le Plan Ambition bio sur leur territoire avec les professionnels et l’État sont plus sécurisées », assure Jérôme Cinel, directeur d’Interbio Nouvelle-Aquitaine. Pour l’instant, elles ne sont que sept sur treize à l’avoir fait. « Nous demandons aussi à l’État de prolonger le dispositif des aides au maintien, que la Nouvelle-Aquitaine souhaite reconduire dans le cadre du Feader. »