En cet automne 2024, les filières bio sont en pleines réflexions stratégiques. Face aux cumuls de difficultés, elles scrutent tous les signaux pour sortir de l’ornière et sauver l’existant. De l’amont à l’aval, elles se mobilisent et se réinventent pour maintenir le cap. Malgré les difficultés accumulées – climatiques avec des récoltes amputées en grandes cultures notamment, sanitaires en élevage et surtout de marché –, les entreprises de la bio s’adaptent, s’ajustent, serrent les boulons : elles plient pour ne pas rompre.
Au retour de nombreux salons professionnels de rentrée, les tendances restent optimistes. Biofil en témoigne dans ce nouveau numéro : Natexpo ou LTNM – La Terre est notre métier –, ainsi que les Sial, Space, Sommet de l’Élevage, où le mode de production bio vertueux pour l’environnement, la santé, la société, su faire sa place, sont des rendez-vous importants. L’occasion d’échanger, de communiquer, de se soutenir et de trouver de nouvelles pistes pour être plus effi cients. La bio doit être partout, pour rappeler ses nombreux atouts. Au Salon des maires, du 19 au 21 novembre à Paris, la promouvoir en restauration hors domicile, via Egalim, est vital.
Le marché bio est en train de repartir après avoir touché le fond. La relance se fait doucement mais sûrement, grâce au recul de l’inflation et à une communication enfin stimulée. #Bio Réflexe relayée dans les régions rend la bio plus visible. La campagne sera accentuée encore début 2025, il le faut. Les magasins spécialisés se sont restructurés après de nombreuses fermetures et renouent avec la croissance. Les GMS, selon les enseignes, restent prudentes, et privilégient les MDD. Certaines continuent à déréférencer, d’autres regonflent leurs gammes. Mais pour booster les ventes, les distributeurs réclament des prix attractifs.
C’est là que le bât blesse, encore et encore. Les producteurs bio ne peuvent et ne veulent plus être la variable d’ajustement, en vendant en dessous de leurs coûts de production. Leurs charges sont toujours en hausse – main d’oeuvre, énergie, semences, assurances, etc. L’autonomie des systèmes a ses limites, soumis aux aléas climatiques, qui se multiplient. Si la vente directe bio prend des parts de marché, attractive car locale, elle ne peut remplacer les autres circuits. Certes, la transformation à la ferme aide de nombreuses exploitations à passer le cap, notamment en élevage. Le métier se réinvente, afin d’être moins dépendant, notamment des grands groupes agroalimentaires, comme Lactalis par exemple.
Tous les efforts, progrès techniques et investissements réalisés doivent être plus que jamais soutenus par la société, consommateurs et élus. Il faut le répéter : ils garantissent des produits agricoles les plus sains possibles, sans polluer l’eau, les sols et l’air, et en protégeant la biodiversité. L’inauguration début octobre de l’usine Avena (1) de transformation d’avoine alimentaire bio en Bourgogne, portée par la Cocebi, témoigne du dynamisme de structuration de filières en partenariat, basée sur une rémunération équitable. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres démarches innovantes que la bio doit continuer à développer.
Christine Rivry