Son appel collectif, prévu dimanche suite aux rencontres, vise à rappeler « la pertinence et la nécessité d'une agriculture et d'une alimentation biologiques pour affronter les nombreux défis environnementaux, sociaux et économiques », soutient Julien Kien, président de l’association. Le leitmotiv de Bio Consom’acteurs : agir pour une bio locale, équitable et accessible à tous. Créée en 2004, l’association œuvre à promouvoir le changement vers des modes de consommation durables, éthiques et solidaires. « Nous interpellons la société civile et les élu·e·s, notamment sur l’importance de l'éducation en matière d'alimentation. » Soutenues par de nombreuses personnalités, ces journées d’automne doivent remobiliser les consommateurs et les décideurs (voir le programme).
Ne pas abandonner les producteurs bio
Parmi les nombreux soutiens à cet appel, la Fnab est en première ligne : « Il est essentiel de ne pas abandonner les producteurs bio, qui ont fait le choix d’une agriculture respectueuse du vivant, de l’environnement, de la biodiversité, de la qualité de l’eau, et de la santé humaine », réaffirme Philippe Camburet, président de la Fnab. D’autant plus que l’actualité démontre chaque jour les dégâts des pesticides et des engrais chimiques de synthèse, avec de nouveaux scandales, notamment celui de l’eau potable, dénoncé par Générations Futures. L’association, participante à l’Appel de Lorient, vient de révéler, dans un rapport exclusif publié le 15 octobre, une surveillance de l’eau très insuffisante et une sous-estimation importante de la pollution des eaux en France. Autre alerte d’actualité : face aux cas de cancers pédiatriques, notamment dans la plaine d’Aunis, les analyses effectuées montrent la présence de substances nocives d’insecticides interdits. « Il y a une omerta autour des pesticides », alertent les associations.
Mobiliser consommateurs et élus
Pour la Fnab, remobiliser sans relâche les consommateurs et les pouvoirs publics est une priorité pour soutenir les producteurs bio engagés – qui ont investi, se sont formés, sont performants –, et les inciter à continuer. « Il y a plus que jamais urgence à reconnaître et rémunérer les externalités positives de la bio – prouvées par de nombreuses études –, notamment sur la qualité des eaux, et de mettre en place et généraliser des PSE (paiements pour services environnementaux), notamment via les agences de l’eau », réclame Philippe Camburet. La Fnab dénonce un traitement différent pour les bio : pourquoi n’ont-ils pas touché des acomptes Pac sur l’aide à la conversion, alors que l’Union européenne l’y autorise ? « Dans ce contexte difficile sur les plans économique et climatique, les agriculteurs en conversion ont besoin d’aides à la trésorerie pour continuer », insiste le président. Quant à l’écorégime, les bio ont vu leur bonus pour pratiques vertueuses raboté, de 110 €/ha à 97,30 €/ha. Et les enveloppes prévues pour financer la conversion, non utilisées, n’ont pas été réorientées vers la bio qui en aurait vraiment besoin. Si les aides d’urgence ont été positives pour soutenir les plus en difficultés, « elles n’ont concerné que 10 000 fermes, et sur les 60 000 au total, beaucoup peinent à passer ce cap difficile » . Dans ce contexte, mobiliser les consommateurs et élus via Egalim pour relancer le marché est nécessaire et urgent mais pas suffisant. La balle doit aller aussi du côté d’un soutien à un autre modèle agricole, respectueux de l’environnement et des humains, confrontés au changement climatique.
Christine Rivry-Fournier
Je signe l'Appel de Lorient : ici