Plus que jamais en cette fin d'été, l'agriculture et l'alimentation bio doivent afficher leurs bénéfices pour l'environnement et la santé des écosystèmes et des humains. Donc, pour toute la société. Cela tombe bien : les nombreux rendez-vous professionnels de la rentrée sont l'occasion de les rappeler, de les expliquer et de les promouvoir. Tous les opérateurs des filières, agriculteurs et agricultrices en tête, ont besoin de soutien réaffirmé. Pourtant, les arguments ne manquent pas.
S'il y avait des jeux olympiques des pratiques agricoles, la bio aurait une moisson de médailles, des fan zones enthousiastes, et des supporters inconditionnels. Depuis plus de 40 ans, elle s'entraîne sans cesse, expérimente des pratiques innovantes et en constante évolution : et elle prouve sa capacité à répondre aux multiples enjeux auxquels la planète est confrontée. Sans dopage chimique et sans détruire l'environnement, elle réussit des prouesses.
Hélas, dans un monde drogué par la compétition et l'ultra-performante destructrices, la bio peine à s'imposer, à se faire entendre, à valoriser ses atouts pour la biodiversité, la préservation des sols, la qualité de l'eau, la survie des espèces, etc. Beaucoup souhaiteraient la voir disparaître au profit de systèmes soi-disant agroécologiques plus souples, qui laissent la porte ouverte à tous les abus. Heureusement, les organismes de recherche et d'innovation en bio et leurs experts, l'Itab et le Grab notamment, restent mobilisés pour la maintenir en haut du podium.
Gagner en robustesse est une priorité. Selon le chercheur de l'Inrae, Olivier Hamant, qui développe cette approche, c'est la solution pour éviter le burn-out des systèmes et des humains. Face à un contexte planétaire de plus en plus fluctuant et instable, aléas climatiques, crises sanitaires, économiques, géopolitiques, cyberattaques, etc. , et des ressources limitées, la performance et l'efficience fragilisent les sociétés et les entreprises. Elles sont contre-productives.
L'urgence pour l'avenir est de prendre soin des milieux naturels, indispensables à la vie, créer du lien social, et selon le chercheur, l'économie suivra, pour maintenir les systèmes viables... On n'a plus le choix. La transition peut être compliquée, la bascule doit se faire elle a même commencé. Elle s'inspire du fonctionnement des êtres vivants : coopération, adaptabilité, exploration, hétérogénéité, lenteur, redondance... Ces changements se font par la périphérie sur la marge et la bio, par son approche innovante, en est moteur.
Dans ce nouveau numéro à découvrir, Biofil en témoigne : les filières territorialisées, la démarche de Forebio, la sélection bio de semences et variétés adaptées à la bio en grandes cultures ou en pommes de terre, la production en Amap, l'hydrologie régénérative, la rupture de pâturage, etc. Autant de démarches, d'expérimentations, de pratiques culturales et d'élevage, et d'organisations collectives qui rendent la bio plus robuste, et prête à affronter les défis. Encore faut-il le faire savoir aux consommateurs et aux élus. Tous les salons de septembre et octobre sont des occasions à ne pas manquer !
Christine Rivry-Fournier