Pour la première fois, un repas 100 % bio et origine France a été servi à l’Élysée, le 22 mai, à l’occasion de la journée mondiale de la biodiversité et du lancement de la 25e édition du Printemps Bio ! L’Agence Bio s’en félicite, et mieux vaut tard que jamais... Un signe positif qui doit essaimer partout dans les autres ministères, et institutions d’État.
C’est faisable, la preuve, et à des coûts maîtrisés pour des produits de qualité, sains, sûrs, tracés, contrôlés, diversifiés et vertueux pour l’environnement et la santé. Si, partout en restauration collective – administrative, commerciale, scolaire, sociale, de santé, etc. –, les 20 % de bio au minimum dans les cantines étaient appliqués, comme l’impose la loi Egalim, ce serait un grand pas pour le respect des écosystèmes et la souveraineté alimentaire nationale.
Cela tombe bien, puisque tel est l’objectif de la nouvelle loi d’orientation agricole – LOA –, élaborée pour répondre à la crise et aux enjeux des dix ans à venir. En cours d’approbation au Parlement, elle a suscité de nombreux amendements, reflets de visions divergentes, voire opposées. Le profond malaise agricole fragilise le secteur, remettant en cause les avancées de l’agroécologie et la bio. Même le Pacte Vert européen rétropédale, alors que la protection de la planète, pour une santé globale, devrait être, plus que jamais LA priorité.
La bio a, depuis longtemps, fait de la souveraineté alimentaire et du renouvellement des générations en agriculture deux de ses principales motivations. D’où ses efforts à atténuer l’impact de ses pratiques sur le réchauffement, à s’adapter aux évolutions climatiques, à protéger et reconquérir la biodiversité, la qualité de l’eau, des sols, à garantir le bien-être des animaux et des humains, tout en faisant vivre dignement, de leurs revenus, les producteurs et productrices. Jusqu’à cette crise inflationniste qui a rebattu les cartes.
Ce mode de production coche toutes ces cases mises en avant par la LOA : en plus d’utiliser des solutions fondées sur la nature, la bio valorise le local et l’origine France, elle favorise les exploitations familiales, sachant que 53 % d’entre-elles pratiquent les circuits courts et la vente directe. Elle stimule la recherche de solutions alternatives – agronomiques, systémiques, de biocontrôle, matériels, semences – pour accélérer la transition écologique. Et elle rend les producteurs-trices plus heureux. Biofil en témoigne dans chacun de ses numéros depuis plus de 25 ans.
Aujourd’hui, la bio dépasse les 10 % de surfaces et 14 % des fermes (1), et reste ancrée dans les territoires, notamment via les circuits courts. Bonne nouvelle, in extremis, sous la pression de 30 organisations, la LOA réintroduit un objectif chiffré de 21 % de SAU bio et de 10 % de légumineuses, d’ici 2030. Tous les leviers doivent maintenant s’activer pour raviver la flamme de la bio, en renforçant ses relais partout, chambres d’agriculture, réseau Fnab, instituts techniques, collectivités territoriales, formation, etc. Et lui redonner une forme olympique, pour nourrir nombre d’entre nous, dont bientôt les athlètes des JO 2024 !
Christine Rivry-Fournier
(1) Chiffres 2022 de l’Agence Bio.