Bio et HVE ne sont pas comparables : c’est acté !

Le 10/09/2022 à 14:17 par La rédaction


[Édito du Biofil n°142 - juillet-août 2022]

Le feuilleton des négociations de la nouvelle Pac – Politique agricole commune 2023-2027 – n’est pas fi ni, mais son dénouement approche pour entrer en application le 1er janvier 2023. Preuve qu’il ne faut jamais lâcher quand la cause est juste, l’agriculture bio est enfin reconnue comme système à mieux valoriser. Le 1er juillet, la création d’un troisième niveau d’aides dans l’écorégime – programme environnemental et climatique –, nouveauté du dispositif de soutiens directs du 1er pilier, est actée.
Signal fort, l’aide à la bio est revalorisée de 30 € par hectare et par an par rapport au niveau 2, c’est à- dire la HVE – Haute valeur environnementale – rénovée. Son montant bio devrait avoisiner 112 euros/ha, contre 82 euros/ha pour la HVE, dont le cahier des charges a dû aussi être amélioré. Si sa deuxième voie est enfin supprimée, les évolutions apportées à sa première voie paraissent très encore insuffisantes aux bio, pour aller dans le bon sens : restaurer la biodiversité, et participer activement à la transition climatique.
La filière bio se réjouit de voir l’État reconnaître que les avantages environnementaux et sociaux des certifications bio et HVE ne sont pas comparables. Ce, sous pression de la Commission, et au grand dam des  détracteurs de la bio, devenus très offensifs, n’hésitant pas à enterrer ce mode de production modèle et moteur pour le respect de l’environnement et de la santé, sous prétexte que le marché ralentit. La crise géopolitique, et ses conséquences sur l’inflation galopante et les craintes d’une récession mondiale sont certes très inquiétantes. Mais la solution n’est pas un rétropédalage.
Tout au contraire. Et le rapport de la Cour des comptes française, sorti le 30 juin, le prouve. Très documenté, il détaille les impacts bénéfiques de la bio, ses externalités positives, l’évolution des aides attribuées à son développement, les freins rencontrés, et les pistes à suivre pour atteindre ses objectifs. Il demande davantage de soutien : sur le plan des aides bien sûr, car la bio est désavantagée, mais aussi au niveau de la recherche, de
la formation, de la communication, de la structuration, des outils statistiques, de la prospective, etc.
En toile de fond de ce travail colossal, on peut lire le reflet de plusieurs conceptions de l’agriculture bio. Il y a ceux pour qui la bio est une solution d’avenir dans le contexte de transition climatique urgente à mener, de réduction des pollutions notamment de l’eau, et de mutation de la société, en protégeant la planète. Et il y a aussi ceux pour qui elle n’est qu’un mode d’agriculture comme les autres, un signe de qualité, une réponse à une demande de certains consommateurs plus exigeants, un segment qui monte mais qui peut redescendre.
Encore une fois, dans ce numéro d’été, Biofil prouve que l’approche pragmatique, technicoéconomique, des systèmes bio ne peut se dissocier de tous les avantages générés : sociétaux, et en faveur de la biodiversité, du bien-être animal et de la santé des populations. La bio est une démarche globale, ambitieuse, technique, innovante, et surtout porteuse d’espoir pour les prochaines générations. Les turbulences sont fortes, les enjeux sensibles, les défi s immenses, les leviers multiples. Ce n’est pas le moment de casser ce que la bio a construit au fi l des ans. Merci à la Cour des comptes de l’avoir confirmé.

 

Christine Rivry-Fournier