Santé, parasitisme, alimentation, commercialisation : bien des aspects ont été abordés, le 2 décembre 2014, lors de la journée filière ovin viande bio organisée par Initiative Bio Bretagne.
S’ils ne sont pas tous spécifiques à la région Bretagne, ils confortent les porteurs de projets présents. « Nous manquons de références technico-économiques sur l’ovin bio pour la région, d’où l’intérêt d’une telle rencontre », souligne Stanislas Lubac, d’Initiative Bio Bretagne. Cette filière confidentielle ici aurait plutôt le vent en poupe. Pour Bretagne Viande Bio (BVB), Sica qui regroupe et commercialise les animaux, l’objectif est de satisfaire les attentes de ses clients bouchers.
Peu de référence en bio
Alain Gouédard, de la chambre d’agriculture de Bretagne, présente un réseau de 6 fermes, dont une en bio. Au moins peut-on constater que la bio et les systèmes herbagers sont économiquement performants. Vivre de son métier sans être submergé, tel est l’objectif de Jean-Michel Boiron qui voit avec l’ovin bio une production délicate nécessitant déjà beaucoup de présence. Installé en 1989 en conventionnel, il évolue assez vite vers des pratiques extensives. « J’étais 365 jours par an en système agneau de bergerie et insémination, la totale, alors à seulement 3,50 euros par kilo d’agneau, on réfléchit », confie-t-il. 5 ans plus tard, il devient l’un des premiers éleveurs ovins bio de Bretagne. Il a mis en place un système « à croissance lente » qu’il valorise en vente directe. La recherche de débouchés l’oriente vers le magasin de producteurs Brin d’Herbe près de Rennes (deux magasins) dans lequel il se reconnaît et où sa viande trouve un prix équitable.
La bio oui, mais pas toute suite…
Les quelques candidats à l’installation présents à cette journée sont repartis satisfaits mais, pour eux, la bio n’arriverait qu’en second temps, l’objectif étant d’abord de sécuriser leur maîtrise technique. « La partie production nous a vraiment intéressés », assure Julien Wagner. Sa reprise d’une ferme ovine est programmée pour septembre 2015, près d’Ancenis (44). « La configuration est parfaite avec des terres groupées ; l’esprit bio, nous l’avons, mais nous avons plein de choses à caler avant d’envisager une certification », avoue-t-il. Idem pour Caroline Roger. Après un CS ovin, elle s’associe à son frère en place à Québriac (35). Un troupeau de Romanes vient compléter le cheptel vendéen pour assurer un « désaisonnement naturel ». « Nous visons d’abord l’autonomie alimentaire ; la bio, on verra à moyen terme », estime-t-elle.
Quelles perspectives ?
Sabrine Ponthieu, directrice de BVB, présente sa filière ovine de 17 éleveurs, pour 1 200 agneaux/an vendus en boucheries (partenaires et occasionnelles). « Nous visons des agneaux de 18 à 22 kg, bien finis, classés R ou U », souligne-t-elle (1). L’objectif est de maintenir ces critères qualité, assurer une production sur l’année entière et des périodes clés comme Pâques. Enfin, si de nouveaux projets d’élevage ovin bio compenseront les départs (retraite), il reste du potentiel. Autre enjeu, la logistique. Les petits abattoirs, clé de voûte du système BVB pour un maintien des dynamiques locales, n’assurent pas tous le transport-carcasse que les éleveurs doivent réaliser. En Ille-et-Vilaine, où BVB n’est plus présent pour l’ovin bio, des solutions se dessinent. L’éleveur Jean-Michel Boiron qui, à 60 ans, a prévu de passer la main, y voit de nouvelles perspectives pour ses remplaçants.
Frédéric Ripoche
(1) Exemple de prix en classement moyen R (prix rendu abattoir-depuis juillet 2014) : grille été (1erjuin au 31 nov.) : 8,70 €/kg de carcasse ; hiver (1er déc. au 31 mai) : 9,50 €/kg de carcasse.
www.bio-bretagne-ibb.fr
La recherche en cours : Agneaux bio, Reprobio (www.itab.asso.fr)
Les ovins bio bretons en chiffres
- 10ème région française
- 92 élevages (dont 58 en activité principale, 22 en lait)
- Brebis viande : 5 000 têtes
- Part du cheptel bio au sein de la prod. ovine bretonne : 16 %
- Filière longue : BVB, Ovi-Ouest
La vente directe, un moteur
Jean-Michel Boiron, installé à Thourie (35), conduit un élevage de 280 brebis de race Vendéen choisie pour sa rusticité et son calme, bientôt complété par de la Limousine d’un nouvel associé. Un petit élevage de poules pondeuses diversifie l’activité (un autre associé). La vente directe est le moteur de l’exploitation. « Avec l’ovin, on peut tout commercialiser et on essaie de faire évoluer le consommateur au-delà du festif avec des tranches de gigot, des petits rôtis », précise-t-il. L’éleveur assure sa transmission avec Lise Rolland, future éleveuse qui démarrera en contrat de pré-installation (CPI).