Comment fonctionne le système RTK ?
Le principe est de créer une référence ou coordonnées GPS pour chaque parcelle soit avec une base fixe placée sur un toit de l’exploitation, celle-ci travaillant dans un rayon d’action de 5 à 10 km, soit une base mobile posée dans un coin du champ. La base envoie un signal au tracteur au moyen d’une liaison radio et des antennes placées sur le toit. Lorsqu’on démarre un chantier de semis, on crée manuellement au champ une référence sur la première longueur. Ensuite, le chauffeur sera autoguidé sur tous ses passages de semis. Quand il revient avec sa bineuse, il rappelle à l’écran la référence enregistrée de façon à ce que le tracteur se positionne au même endroit, avec une précision de 2 cm. Chaque parcelle a sa propre référence à rappeler lorsqu’on passe d’un champ à un autre. Quand on change d’écartement, les références n’étant plus les mêmes, il faut que l’agriculteur en crée de nouvelles.
Quel est son intérêt ?
Ce système permet de travailler vite avec un grand confort d’utilisation et moins de fatigue puisqu’il n’y a plus à se repérer par rapport aux rangs semés. Une fois les références de la parcelle enregistrées, le chauffeur fait simplement les manoeuvres en bout de champ puis réenclenche l’autoguidage. Il permet aussi une grande précision. Si l’outil est flottant, la précision de 2 cm pour le tracteur autorise une garde de 3 à 5 cm autour des plantes. Mais on peut aussi autoguider l’outil, et dans ce cas, s’approcher à 2 cm des plantes environ. La technologie RTK fonctionne très bien dans les dévers grâce à la présence de deux antennes de chaque côté du tracteur qui corrigent automatiquement sa trajectoire. Elle n’est pas non plus sensible à la présence de fortes levées d’adventices sur le rang ni aux manques à la levée. Le travail le plus important étant réalisé par nos techniciens lors du montage sur le tracteur et à la ferme, l’utilisation par l’agriculteur est très simple. D’ailleurs des travailleurs saisonniers qui n’ont pas l’habitude de conduire des tracteurs peuvent prendre en main très rapidement les opérations de binage avec notre système. Un autre intérêt est qu’il est polyvalent : on peut utiliser cette technologie pour d’autres opérations nécessitant de la précision comme l’épandage d’engrais ou de compost.
Quelles sont les limites de cet appareil ?
En lisière de bois, la couverture du ciel vis-à-vis des satellites peut parfois être insuffisante, ce qui peut entraîner des perturbations dans le fonctionnement du système.
Combien coûte cette technologie ?
Il faut compter 30 000 à 35 000 euros pour l’équipement complet qui comprend les antennes de toit pour le tracteur, l’écran, l’asservissement hydraulique ainsi que la station de base. Certes, cet investissement peut paraître élevé, aussi j’invite les agriculteurs intéressés à envisager une mutualisation à l’échelle d’une Cuma par exemple. En effet, il est possible d’utiliser ce système sur un autre tracteur moyennant un pré-équipement de 5 000 euros environ par tracteur supplémentaire. Par ailleurs, comme l’utilisateur passe par une fréquence radio, il faut prévoir une redevance annuelle à l’Arcep (1) de l’ordre de 200 à 300 euros facturée directement à l’agriculteur.
Combien de systèmes avez-vous déjà vendus ?
Environ 200 tracteurs équipés sont en fonctionnement en France. La plupart se trouvent dans des exploitations légumières ou de grandes cultures, qu’elles soient bio ou conventionnelles, qui binent beaucoup, et veulent aller vite tout en gagnant en précision.
(1) Autorité de régulation des communications électroniques et des postes.
Jean-Martial Poupeau